Saint Bruno nous a dit lui-même le sens de sa démarche : « Y a-t-il un être autre que Dieu dont la bonté soit comparable à la sienne ? Que dis-je : y a-t-il un autre bien que Dieu seul ?
Aussi, devant ce bien dont l’incomparable éclat, la splendeur et la beauté se laissent pressentir, l’âme sainte est-elle brûlée du feu de l’amour : De tout mon être, dit-elle, j’ai soif du Dieu fort, du Dieu vivant ; quand donc viendrai-je voir la face de Dieu ? »

Ainsi saisi par Dieu, un homme peut entendre un appel à tout laisser pour ce seul but : Se mettre en quête de la Face de Dieu. Il ne se coupe pas du monde mais ressemble au chercheur qui, au fond de son laboratoire, se livre à des travaux qui auront leur fruit pour la vie des hommes. Chercheurs de Dieu : Est-ce moins important que de faire des recherches scientifiques ? Séparés de tous, nous sommes unis à tous parce que c’est au nom de tous que nous nous tenons en présence du Dieu vivant.

« Laissez-en quelques-uns pour Dieu » disait la sœur d’un chartreux à des personnes qui ne comprenaient pas la vie contemplative, soulignant un aspect moins connu et pourtant important de cette vie. Dieu a créé le monde, il nous a tout donné, à commencer par l’existence, et finalement il s’est donné Lui-même. L’humanité n’a-t-elle pas une immense dette de reconnaissance à laquelle l’immense majorité des hommes ne pense absolument pas ? N’est-il pas nécessaire que quelques-uns donnent leur vie à ce devoir de reconnaissance : Le remercier pour tout ce qu’Il nous donne sans cesse ? [1500]